Immeuble Origami : un bâtiment modulable et évolutif dès sa conception
Rénové pour gagner en flexibilité, le nouvel immeuble de standing Origami, à Genève, conserve l’architecture remarquable et les agencements du bâtiment d’origine. Une réalisation de 2007 co-signée par l’architecte José Ojalvo. Interview.
Origami est un immeuble emblématique de Lancy, quelle est l’histoire de sa création ?
C’est un projet évolutif depuis ses débuts. Le bâtiment a initialement été dessiné pour le groupe Implenia, spécialiste de la construction. Il devait accueillir, des bureaux fermés et du personnel dans des horaires atypiques, de 5 à 15 heures. Au début de la construction, les utilisateurs ont changé au profit de Procter & Gamble. Nous avons donc réadapté l’agencement intérieur du bâtiment afin de créer des open spaces. Les salles de réunion ont été installées au centre des étages et les espaces ont été optimisés afin d’être utilisés confortablement tout au long de la journée, y compris le soir. Cette première remise à niveau s’est opérée très facilement car les plans que nous avions proposés s’y prêtaient totalement.
Organisation des espaces, aménagements modulables, agencements design… le bâtiment que vous avez livré en 2007 est finalement très actuel ?
Sa forme en fait un édifice très flexible. Son architecture en double peigne, composée d’un premier ensemble en H et d’un second en T tourné à l’horizontale, nous a permis de passer très facilement du cloisonnement au décloisonnement. Tous les espaces de travail bénéficient de lumière naturelle et d’une vue directe sur l’extérieur. C’est un immeuble aisément malléable par ses utilisateurs. Il a de vraies qualités esthétiques mais aussi techniques. Les gaines techniques, planchers et plafonds ventilés avaient été configurés par anticipation pour accueillir les futures installations informatiques ou vidéo. Il suffit aujourd’hui de venir se « plugger » sur l’existant.
Une construction évolutive avant l’heure…
Oui, c’est un immeuble qui vieillit bien. L’enveloppe n’a jamais nécessité d’entretien particulier ce qui veut dire que la structure a été bien réalisée. Sa façade classique, verre et métal, fonctionne toujours, tout comme le jeu des passerelles d’entretien en caillebotis et l’utilisation des brise-soleil. A titre personnel, j’aime beaucoup les éléments verticaux rouges qui apportent la juste pointe de couleur à l’ensemble. Je trouve cette construction réussie, c’est un immeuble qui réussit à avoir plusieurs vies sans être passé de mode.
D’autant qu’il reste très performant en termes de consommation d’énergie…
A Genève, les lois sur l’équipement de l’époque sont analogues à celles d’aujourd’hui. Si l’on construisait Origami en ce moment nous aurions peut-être juste ajouté des panneaux solaires en toiture. Pour le reste, la performance thermique des façades est à la hauteur de ce qui se fait actuellement. Elles ont fait l’objet d’une étude minutieuse afin de caler précisément le nombre, la position et l’inclinaison des brise-soleil horizontaux. Au final, l’immeuble bénéfice de beaucoup de lumière sans que le soleil ne pénètre directement dans le bâtiment avant 18 heures. Un atout non-négligeable pour une construction aux façades vitrées, notamment en période estivale. C’était et c’est encore un bâtiment haute performance énergétique grâce à l’utilisation du réseau CADIOM et de son système de chauffage par incinération des ordures ménagères.
Pensé pour les entreprises en quête de locaux à géométrie variable, l’immeuble Origami sera équipé d’une large gamme de services. Certains ne vous sont pas totalement étrangers…
Comme le dit Le Corbusier « on n’invente rien, on réinvente ». Il y a eu un restaurant d’entreprise au rez-de-chaussée et une cafétéria au niveau de la terrasse, depuis laquelle on aperçoit, Genève, les Alpes et même le Mont-Blanc lorsque le temps est dégagé ! Par le passé, différentes options ont été étudiées sur le site parmi lesquelles la création d’une crèche ou l’aménagement d’un petit jardin zen. En 2007, à Genève, un roof-top et un jardin contemplatif ce n’était pas courant.
Si vous deviez modifier quelque chose à votre projet initial que changeriez-vous ?
A l’intérieur, on peut toujours refaire pour gagner en esthétique ou en fonctionnalité, ce qui est d’ailleurs en cours. Je ne toucherai pas à l’extérieur. Avec son socle massif, installé, très posé, ses façades vitrées bardées d’aluminium, ses attiques, ses grandes voiles de béton je le trouve très homogène et parfaitement dans l’esprit originel : un bâtiment industriel moderne répondant aux codes d’un immeuble de standing.